Ce serait peu dire que cet album était fatalement attendu au tournant. Faisant suite au magnifique Razoblade romance (RR), deep shadows and brilliant highlights (DSBH) avait la lourde tâche d’égaler ou surclasser son prédécesseur. Sans y parvenir, Him fournit tout de même un album remarquable à plus d’un titre, qui évite la redite éhonté et se pose en digne successeur.
Autant RR brillait par son épure, autant DSBH joue la carte d’une légère surenchère sonore. Him étoffe sa composition, par l’utilisation plus intense des claviers et la présence presque systématique d’une guitare sèche comme base rythmique. De ce fait, l’album parait beaucoup plus travaillé, sans excès, mais ne parvient pas à toucher autant que RR. Cette simplicité qui faisait l’écho du génie sur RR, manque cruellement et amène inexorablement DSHB sur des sentiers plus convenus.
Toutefois, l’ambiance qui s’en dégage est différente. Sans masquer ses influences metalo-gothico-pop, Him converge vers un style plus feutré, et plonge l’auditeur dans une intimité chaude que ne renierait pas l’ambiance d’un cabaret. Assis confortablement dans un fauteuil en velours, lumière tamisée, l’album diffuse les visions d’un club très privé. Ce rapprochement touche, le tête à tête est impressionnant par la sensation de se faire prendre la main et d’être amener à partager les peines qui parcourent l’album. Encore une fois, les textes donnent la part belle à des histoires d’amours dramatiques et émouvants, la tristesse est palpable et confine au recueillement.
La musique est adoucie, les lignes de chants ne sont plus des odes, des hymnes. C’est peut-être ce manque d’ambition universelle qui restreint l’album dans son incapacité à égaler RR. Ville Valo continue cependant de nous charmer avec sa voix toujours impeccable, plus plaintive certainement, moins sûre d’elle, emprunt d’une fragilité qui touche.
Deep shadows and brilliant highlights n’a pas à rougir. Ses qualités sont indéniables. Encore une fois, l’intimité qui ressort des chanson procure des instants de parfaite communion avec la mélancolie qui s’en dégage. Him peint la peine avec la beauté de l’amour, chaque tragédie comme coup de pinceau…
Encore une fois, l’édition digipack allemand propose deux titres en plus. You are the one, qui ne ressemble guère au reste de l’album par un côté metal, une sorte de mixte entre les titres de RR et DSHB, et In love and lonely, titre ultra classique qui ne présente que peu d’intérêt.